Liberté de circulation à la frontière franco-britannique 

Liberté de circulation à la frontière franco-britannique 

Utopia 56, L’Auberge des Migrants, LDH Dunkerque, MRAP Dunkerque, Mobile Refugee Support, Human Rights Observers

La liberté de circuler n’est pas une monnaie d’échange, ni à la frontière franco-britannique, ni ailleurs

Depuis plus de trente ans, la frontière franco-britannique est le théâtre d’une violence organisée contre les personnes exilées. La militarisation, le harcèlement policier et la politique du « zéro point de fixation » ont transformé le littoral nord de la France en territoire délibérément inhospitalier, où chaque tente confisquée, chaque évacuation forcée, chaque vie perdue en mer, rappelle le prix de ces choix politiques. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, au moins 119 personnes ont perdu la vie à cause de cette frontière.

Plutôt que de reconnaître l’échec de cette stratégie meurtrière, la France et le Royaume-Uni continuent de l’aggraver. L’accord cyniquement baptisé « One in, One out », adopté cet été, en est une nouvelle preuve. 

Derrière cette formule brutale se cache une réalité indigne : une vie admise en échange d’une autre expulsée, des quotas humains, un troc bureaucratique qui nie les droits les plus fondamentaux. Cet accord enferme les personnes dans un labyrinthe de critères absurdes et discriminants, qui s’inscrit dans une politique de dissuasion. Une politique qui n’a rien d’efficace, comme le prouve le chiffre record du nombre de traversées réussies vers le Royaume-Uni depuis le début de l’année. Elle n’a comme seul objectif que de répondre à une opinion publique alimentée par la montée des extrêmes droites. C’est une machine à produire de la précarité et des drames.

Nous refusons cette politique de dissuasion par la violence, et l’instrumentalisation des personnes exilées. Nous dénonçons un nouvel accord qui continue d’externaliser les responsabilités, d’entretenir l’opacité, d’alimenter la répression et de condamner des personnes à mort. 

C’est pour l’ensemble de ces raisons que nous rejoignons le mouvement de la F.lotta, pour témoigner de la réalité qui se déroule aux différentes frontières européennes, comme ici entre la France et le Royaume-Uni.

À Calais et sur le littoral, comme ailleurs, l’état d’urgence humanitaire est fabriqué par des décisions politiques. Ces choix tuent. Il est temps d’y mettre fin.

Nous demandons:

  • L’abandon immédiat de l’accord « One in, One out » ainsi que de l’ensemble des accords précédents qui ont généré cette politique répressive;
  • Une transparence sur les investissements financiers à la frontière, ainsi que la réorientation de ces investissements britanniques et français vers une politique d’accueil digne;
  • En France, la fin du monopole du ministère de l’Intérieur sur les politiques migratoires, et à l’échelle européenne, qu’elles soient guidées par des impératifs humains plutôt que sécuritaires et répressifs;
  • Le respect de la liberté de choisir son pays de demande d’asile, aujourd’hui empêchée par le règlement Dublin et le Pacte européen sur la migration et l’asile;
  • La fin de l’externalisation de la frontière britannique sur le sol français ainsi que des externalisations des frontières européennes;
  • L’ouverture de voies sûres de passage entre la France et le Royaume-Uni, mais aussi à l’entrée et la sortie de l’Union européenne.

Signataires :  L’Auberge des Migrants, Utopia 56, LDH Dunkerque, MRAP Dunkerque, Mobile Refugee Support, Human Rights Observers

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